Des membres de la Coordination interconvictionnelle du Grand Paris (CINPA) ont adopté la présente charte pour rappeler les engagements et les valeurs qui sont les leurs dans la démarche qui les anime. Le mot interconvictionnel est utilisé car ce dialogue associe d’autres types de convictions humanistes et va donc au-delà des seules convictions religieuses. Cette charte est un outil mis à la disposition de toutes celles et ceux qui souhaitent s’engager dans un processus de dialogue et de rencontre. Une telle démarche peut prendre des formes différentes : rencontres du quotidien, invitations aux fêtes de chaque communauté, temps interspirituels, partage de repas, réflexions théologiques, conférences ou ateliers, actions communes pour le vivre-ensemble et la fraternité.

1. S’inscrire dans la laïcité


Le dialogue interconvictionnel réunit des personnes croyantes et non-croyantes, humanistes, femmes et hommes, qui ont le souci de bâtir un monde fraternel et durable. Ce dialogue s’inscrit dans le cadre de la laïcité et des règles de droit de la République Française. Nous sommes des citoyens et respectons les lois de la République, qui nous assurent la liberté de conscience, de culte et de religion, ainsi que la liberté de manifester nos opinions et nos convictions dans l’espace public.

2. Dissiper l’ignorance


Le dialogue interconvictionnel participe à dissiper l’ignorance et les clichés sur les religions et leurs fidèles. Il nous permet de nous rencontrer. Il nous aide à nous connaître et nous comprendre. Il nous engage à construire ensemble un avenir meilleur dans le respect des uns et des autres et dans le respect d’une diversité perçue comme une richesse. Il nous fait approfondir notre propre religion, progresser dans nos propres convictions afin que nous sachions construire une paix solide, en nous-mêmes et pour l’humanité.

3. Cultiver la bienveillance


Cultiver une attitude d’écoute et de bienveillance, sans chercher la faille chez l’autre mais en privilégiant les aspects positifs, la confiance et la compréhension mutuelle.

4. Refuser le prosélytisme


Nous ne sommes pas là pour convaincre ou convertir qui que ce soit. Chacun de nous croit à sa vérité mais accepte d’entendre l’autre dans sa propre vérité, gratuitement. Si nous cherchions à nous convertir les uns les autres, nous entrerions alors dans une logique de confrontation bien éloignée de l’éthique du dialogue et de la rencontre.

5. Refuser le syncrétisme


Notre but n’est pas de fusionner dans un grand tout illisible et faussement consensuel, synonyme d’un relativisme pour lequel tout se vaut. Chacun de nous reste lui-même. Nous ne nions pas nos différences, nous les accueillons comme telles, nous sommes heureux d’en débattre et nous nous réjouissons de nos convergences, aussi modestes soient-elles.

6. Refuser le communautarisme


Plutôt que de nous enfermer dans des logiques communautaires, nous voulons pratiquer la solidarité et l’entraide, au nom d’une certaine vision de l’humain. Nous refusons tout « front des religions » sans exclure de défendre, le cas échéant, des positions communes. Nous sommes ouverts à la peur et à la souffrance de l’autre et nous refusons d’entrer dans une concurrence victimaire.

7. Choisir la simplicité


Au-delà de nos désaccords théologiques, nous sommes convaincus de l’authenticité de nos démarches de foi et de conviction. Respecter ces désaccords, sans esprit de supériorité, c’est entrer dans une démarche de simplicité et d’humilité.

8. Choisir de progresser ensemble


Le dialogue interconvictionnel témoigne d’une démarche spirituelle qui propose un horizon de sens dans un monde marqué par le consumérisme et un matérialisme croissant. En prenant le temps de nous connaître, nous essayons de trouver les moyens de progresser ensemble en acceptant de nous remettre en question (réflexion, formation). Nous considérons que là où la religion (par ses dogmes et ses doctrines) peut nous séparer, la spiritualité, elle, peut nous unir.

9. Choisir de cultiver la paix


Dans un monde qui se réarme, marqué par la violence, la haine et le rejet de l’autre, que ce monde soit réel ou numérique, nous voulons témoigner de notre volonté d’être proches des plus faibles. Nous croyons à la force de la non-violence, à l’engagement citoyen pour combattre les stéréotypes, les préjugés, les discriminations et les inégalités qui minent l’avènement d’une humanité réconciliée.

10. Construire la fraternité


Le dialogue interconvictionnel n’est pas une fin en soi, mais un moyen de vivre concrètement la fraternité. Vivre ensemble, ce n’est pas seulement se tolérer en cohabitant les uns à côté des autres, c’est lancer des initiatives communes et agir ensemble dans les champs du social, de l’éducation, au service de la planète et de notre humanité commune.